Vert. Tout était vert. Non, pas tout. S’il levait la tête, il pouvait entrapercevoir un peu de bleu. Il était au beau milieu d’une forêt. Entre ses pattes, une large crevasse fumante. C’est lui qui l’avait provoquée, en voulant retrouver l’air libre de la surface. Il avait une mission à accomplir : ces bois étaient infestés de vermine, de petits êtres arrogants croyant posséder une puissante magie et une agilité hors pair. Comme si cela pouvait les sauver de la fin du monde! S’il avait eu une anatomie le permettant, il aurait éclaté d’un rire sardonique (mais pas trop sardonique quand même, parce qu’il sait pas ce que ça veut dire… Quand c’est mal fait ça fait pas peur! *)
Tiens tiens… Justement, un elfe se tenait devant lui… Il était comme pétrifié … de terreur probablement. C’était là une belle occasion de commencer son travail. Pauvre petite chose qui tremblait de partout… Il acheva ses souffrances en l’écrasant sèchement.
Il venait peut-être de gagner un peu de temps en l’empêchant de sonner l’alarme, mais d’un autre côté son arrivée soudaine dans ce monde ne devait pas être passée inaperçue. Il profita tout de même de cette avance pour commencer à marcher, déracinant des dizaines d'arbres à chaque pas et projetant au loin diverses boules de feu. Arrivant à un premier village, il contempla plusieurs de ses ennemis.
Ses ennemis, c’était des elfes. Il le savait instinctivement, même si lui-même n’avait pas de nom pour désigner sa race, se composant de 6 membres. Les habitants de l’air auraient peut-être un nom à leur donner, mais ils n’en auraient de toutes façons pas le temps, à la vitesse où les exterminait... Simplement le temps de peser à tout cela, et voilà que sous ses puissantes pattes ne se trouvait plus que des débris. Il n,avait pas rencontré grande résistance de ce côté... Son travail allait être aisé.
Il continua son petit bonhomme de chemin, et arriva bientôt à une ville d'envergure. Malheureusement pour ce peuple, il avait trop tendance à contruire ses bâtiments en bois... Lesdits bâtiments ne furent bientôt plus que des cendres... Il tenta de repérer tous les habitants qui s'enfuiyaient, mais immanquablement quelques-uns lui échapèrent. Ils allaient probablement se terrer quelque part, morts de peur, mais il y avait toujours le risque qu'ils aillent chercher des renforts. il accéléra le pas.
Ainsi se succédèrent encore quelques agglomérations, avant qu,il ne doivent s'arrêter pour se reposer un peu et surtout décider de la prochaine direction à suivre.
Puis, en décelant du mouvement proche de lui, il en conclu qu'un bataillon de ses ennemis venait de le retrouver... En suivant les traces de son carnage probablement.
Étant des maîtres du camouflage, les elfes sont extrêmement difficiles à déceler quand ils décident de se cacher, surtout en forêt. Mais il s’agit ici de standards et d’expressions humaines… Que ce soit parce qu’ils étaient stressés par ce monstre énorme, ou parce qu’ils étaient vraiment plus bas que lui, ou encore parce que celui-ci possédait tout simplement de meilleurs pouvoirs, les formes elfiques se détachaient clairement du paysage pour les puissants yeux de l’attaquant.
Il commença donc par incendier la forêt. Quelques elfes prirent la fuite, d’autre, oh surprise, réussirent à se protéger grâce à de faibles boucliers magiques.
Bien qu’il se sente encore supérieur, il fut surpris d’assister aux réflexes et à la magie de ces êtres qu’il pensait être capable de dominer en deux minutes. Il lui faudrait hausser l’intensité de ses attaques…
Il se concentra puis fit s’abattre sur la forêt un mètre de terre brute, espérant ainsi étouffer les elfes. Quelques-uns de furent pas assez rapides pour se protéger dans un arbre ou à l’aide de la magie, mais la majorité en sortirent vivants, bien que sales. Par malheur, la terre avait énormément amoindrit la puissance de son feu…
Plusieurs elfes continuaient d’arriver pour le combattre, à intervalles assez réguliers. Ils n’avaient encore rien tenté de concret, on aurait dit qu’ils le jaugeaient plutôt.* Sutch stupid crèAtturreu… Ïle pansse pouvouare me baahtre an se laicen tué?* pensa-t-il dans sa langue (de) maternelle. Sur cette sage réflexion, il s’empressa de lancer quelques charges de magie élémentaires sur les petits être à ses pieds. Il en toucha quelques-uns. Leur nombre l’empêchait de tous les viser à la fois, mais en se lançant des ordres et des invectives (décidément, ce peuple méritait de mourir…) leur attention était un peu détournée et ils ne voyaient pas toujours ses attaques venir.
Soudain, ils se rassemblèrent et, suite au cri de l’un d’entre eux, lancèrent plein de morceaux de bois pointus dans sa direction. Elles ricochèrent toutes sur sa carapace, et il profita de les avoir tous en face de lui pour créer une énorme boule de feu qu’il projeta à toute vitesse. D’un soudain accord, pris sans prononcer le moindre mot, les créatures des bois créèrent un dôme protecteur qui dévia sa magie vers le ciel.
La partie allait être plus dure que prévu…
Voyant qu’ils se dispersaient à nouveau, il fut un peu pris au dépourvu. Tant de cibles, toutes à détruire… Laquelle tuer en premier?? Il tourna sur lui-même, provoquant de gigantesques secousses qui projetèrent quelques elfes par terre mais qu’il ne remarqua pas. Il commença par repérer un village, à quelque kilomètres de là, et projeta une gigantesque boule de feu dans sa direction. Cela empêcherait les elfes les plus proches de fournir du renfort. Il s'apprêtait à faire de même avec d'autres agglomérations, quand elles se munirent toutes d'un petit dôme protecteur. Ce n'était pas de la magie très intense, et il aurait pu la détruire en quelques minutes, mais il préfèra se concentrer sur la bataille présente pour l'instant. Quand l'élite (pouahaha! ils appelaient ÇA une élite!) qui se trouvait devant lui serait anihilée, il pourrait s'atteler aux environs.
Il s’attarda donc sur quelques-uns de ses ennemis, pour décider lequel serait le plus apte à mourir tout de suite… Celui-là, avec ses longs cheveux blancs et son air trop déterminé? Ou plutôt celui-ci, qui avait crié l’ordre de projeter la salve de bouts de bois… Mais pourquoi pas celui là-bas, par terre, qu’on dirait blessé? Non, il va probablement mourir de toutes façons… Ah mais attention! Il y en avait deux là, qui le regardaient intensément et qui jouaient avec les drôles de bâtons… Ils les croisaient avec un autres, puis tiraient un de leur bras vers l’arrière… Que pouvaient-ils bien manigancer? Il les observa un peu, puis trouva une certaine ressemblance avec les morceaux de bois pointus mais inoffensifs qu’il avait reçu un peu plus tôt. Comme il allait s’en désintéresser, les deux elfes détendirent leur bras et deux flèches partirent dans sa direction… L’une d’elles se perdit quelque part dans son front, mais l’autre se planta dans son œil avec force. Celui-ci éclata, éclaboussant les êtres en contrebas de liquide gluant et de sang brûlant. * DOULEUUURREE * était le signal d’alarme qui résonnait dans sa tête. Jamais il n’aurait cru éprouver une telle sensation!
De plus, les elfes n’étant que blessés revenaient sans cesse au combat, grâce à leurs talents (insoupçonnés) de guérison. Ils commençaient à s’organiser, une fois passée la surprise première.
Soudain, un éclair sembla traverser son corps entier. Un de ses frères venait de rendre l’âme un peu plus loin, dans le territoire des gnomes…
Alors qu’il sentait sa rage contre ses êtres qu’il considérait de moins en moins insignifiants décupler, il projeta toute son énergie sur une masse d’elfes qui semblaient se préparer à l’attaquer de nouveau… Et lâcha un cri terrifiant qui dû résonner à des milles à la ronde en voyant un bouclier d’une clarté aveuglante se dresser devant son sort. La lumière qui en émanait l’empêcha de voir avec son œil restant pour quelques secondes. Il sentit alors oh HORREUR une mouillure** intense sur plusieurs parties de son corps. Les elfes avaient donc découvert son point faible? Mais surtout.... Ils étaient capables de lui en lancer magiquement! Quelle désillusion cruelle... Ses pattes dont les écailles tombaient une à une semblèrent incapables de supporter son poids plus longtemps, et il s’effondra.
Il mourrait. Son sang coulait de son œil, et des multiples plaies causées par l’eau des elfes. Il s’éteignait lentement, incapable du moindre mouvement. La douleur s’éloigna un peu pour revenir plus intense encore alors que ses ennemis lui enfoncèrent un autre morceau de bois dans l’œil qui lui restait. Le vert, si intense quand il l’avait découvert, était devenu de plus en plus foncé, et il était maintenant noir. Noir comme ses pensées à l’annonce de sa mort imminente. Il mourrait. Il pensa à ses frères, qu’il laissait combattre, qu’il laissait accomplir leur mission primaire. Ils ne seraient bientôt plus que quatre. Il se demanda si les elfes souffriraient beaucoup avant de rendre l’âme eux aussi… Il l’espéra sincèrement. Il mourrait. La douleur reflua pour une dernière fois, avant que son cœur cesse de fonctionner à jamais. Il mourut.
* Extrait des paroles de «Le méchant de James Bond» Superbe chanson de Bénabar!!!
** mouillure étant ici le contraire de brûlure. Comme vous l’aviez tous deviné, j’aurais pas besoin de mettre ça, si?
Dim 20 Jan 2008 - 22:46